MUSIQUES SCÉNIQUES

Emmanuelle Marie signe avec « Blanc », une œuvre empreinte de poésie, où silences et mots se côtoient pour faire jaillir, d'instants aussi douloureux que ceux de la perte d'une mère, une lumière réconciliatrice, qui nous plonge dans les oxymores frappants de la « clarté obscure » chère au grand Corneille, ou dans celle du « Soleil noir de la mélancolie », de Gérard de Nerval.

Deux jeunes femmes d'une trentaine d'années, se retrouvent pour, veiller et accompagner leur mère dans les derniers instants de sa vie. Deux jeunes femmes que tout sépare si ce n'est qu'elles sont soeurs: le quotidien, la vie que chacune s'est construite, des désirs d'amour différents, des rêves divergents pour le futur, des frustrations subies aux antipodes les unes des autres. Un huis clos dans lequel alternent, dialogues et monologues. Construite sous forme de suites d'arias duos et de récitatifs, cette partition révélatrice d'une sensibilité à fleur de peau, nous fait dresser les poils.

L'aînée : Comédienne de « second ordre », rêveuse invétérée, orgueilleuse blessée, plus proche de son père que de sa mère. Tendue comme un arc mais drôle dans sa recherche de mots qui ne viennent pas toujours. La cadette : Mère de famille qui s'est fait la promesse de ne jamais détruire son couple, contrepied du divorce jamais oublié de ses parents. Une autorité blessée elle aussi, celle de la cadette ayant tours été en fait l'aînée.

Denis Verdier - 2018